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Lagord 2008

Si vous vous promenez, à quelques kilomètres de la Rochelle, dans un petit village dénommé « Lagord », en cette période trouble pour les vacanciers qu’est la première semaine d’août, vous croiserez peut-être une petite troupe d’irréductibles, se levant tôt, se couchant tard, allant à leur entraînement quotidien d’aikibudo.
Ce n’est certes pas le village d’Astérix, ces derniers sont nourris à un air atlantique plus nordique, celui de l’Armorique ; mais les ressemblances sont troublantes. A Lagord, tous ne dorment pas à la même enseigne, mais souvent voit-on dans les campings, comme un empire dans un empire, une série de petites huttes, Quechua ou autres, chacune ayant sa particularité. (Spéciale dédicace à Vincent, à sa tente) mais aussi à son hamac, fil à tendre le linge et toutes les autres astuces qu’il avait en réserve…).
Ces huttes sont attroupées dans les environs de chalets-bungalows des plus installés d’entre nous, souvent des plus habitués de ce stage. Et le soir, ces infra structures rendent possible le déploiement de petits banquets où le sanglier et la cervoise trouvent facilement des substituts. (Il faut noter l’organisation sans faille de ces festins quotidiens autour de Bernard et Nicolas d’Ivry). C’est sans doute la bonne humeur qui émanait de ces repas -- (attirant parfois les locataires des autres campements de fortune, entraînant alors en représailles de nouvelles visites) -- c’est sans doute, disais je, du fait de cette bonne humeur que les malheureux voisins de tente n’ont jamais songé à se plaindre du bruit et ont même témoigné de la sympathie en s’intéressant à notre art. Mais, ne soyons pas naïfs, sans doute jouaient-ils le rôle du barde, qui ne peut rien dire mais participe quand même, de loin, un peu contre son gré.

En réalité, toutes ces ressemblances ne sont rien vis-à-vis de la principale : Comme les célèbres gaulois de Goscinny, les pratiquants se retrouvent au-delà de leurs différences de personnalités, de dojos, ou de grades, embarqués dans un univers parallèle ignorant des tumultes alentours.
Chaque matin, c’était donc un plaisir que d’aller à l’entraînement, dans ce très beau dojo ouvert sur la nature par des baies vitrées.

L’entraînement y est un savant mixte de concentration, de travail, d’entre-aide, mais aussi de détente et d’humour. C’était là la véritable potion magique décoctée de mains de druides par nos maîtres (dont notre irremplaçable Christian Brun Sensei) ; et au centre Alain Floquet Sensei.
Les ingrédients, les dosages, véritablement, je ne saurais les révéler, mais je puis tout de même, décrire le goût de cet étonnant mélange.

Maître Floquet nous a révélé beaucoup de choses sur la pratique de cet art qu’il a constitué après avoir recueilli les enseignements de Mochizuki Minoru Sensei, de Sugino Yoshio Sensei et Takeda Tokimune Sensei. Chacun y va alors de ses propres découvertes ; il m’est même arrivé de découvrir des muscles dont j’ignorais l’existence jusqu’à présent.
Mais, ces séances d’entraînements intenses préparés par des échauffements variés, étaient entre coupées par des séances de discussion, où nous pouvions reprendre notre souffle. Des questions sont alors posées au maître (la facilité d’accès aidant) qui répond toujours avec simplicité, générosité mais aussi facétie. Les associations d’idées nous apportent alors des révélations que l’on n’aurait pas imaginées en posant la question, mais toujours elles continuent à tourner autour de ce centre ; et toujours, elles laissent une part de recherche et d’implication personnelle. C’est la règle semble-t-il, dans le théorique comme dans le pratique ! Aussi, les questions ne sont elles pas unilatérales…

Les matinées étaient réservées à la pratique à mains nues de l’aikibudo et les après midi à la pratique avec armes (Katori shinto ryu et Iai Yoseikan ). Cependant, la répétition apparente de l’emploi du temps est rompue par la diversité des enseignements tenant compte de la fatigue avançant pendant la semaine. Ainsi, avons-nous eu aussi par exemple un cours de tonfa et de self-défense.
Par ailleurs, rien n’est laissé au hasard par le groupe pour empêcher l’idée même de monotonie : on peut alors citer au programme des évènements en externes aux entraînements : un dîner à La Rochelle avec les pratiquants du club du Mitsurukai et ceux du club d’Ivry, une sortie à la mer voisine, un repas avec tous les pratiquants dans le gymnase derrière le dojo le jeudi soir.
Un élément très insolite, qu’il est important de relater, a marqué la fin du stage : la mystérieuse histoire de la chenille japonaise ; et l’hilarante histoire à rebondissement du pain de glace du bougnat parisien. Mais, là, je ne peux vraiment pas vous en dire plus, car ces histoires drôles rapportées par Alain Floquet à la fin du dernier entraînement font partie du patrimoine ésotérique de l’aikibudo ; elles proviennent en effet tout droit des soirées qui ont accompagné le développement de cet art.

Pour en savoir plus, une seule solution, participer l’année prochaîne…

 

Christophe Grosjean