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LE MITSU EN VADROUILLE
Le stage de kobudo en forêt de fontainebleau, vu par le prof.

Afin de clore de façon festive la saison 2002/2003, j’ai proposé dès le mois d’avril, d’effectuer un stage de KOBUDO en Forêt, renouant ainsi avec une tradition du club qui avait un peu disparu au cours des années, et que les pratiquants d’aujourd’hui ignoraient totalement.
Devant l’enthousiasme des jeunes générations à l’idée d’aller se battre ou s’ébattre dans la forêt, la date fut fixée d’un commun accord au 29/6. Je me suis donc plongé dans mes vieilles cartes de Fontainebleau, et plus précisément dans celle du massif des trois Pignons, qui dispose de zones propices aux pratiques bokenistiques, sans être trop touristiques.

En définitive, une dizaine de pratiquants et quelques accompagnateurs (les malheureux, s’ils avaient su !) ont tenté la grande aventure.
Nous nous sommes à peu près tous retrouvés au point de rendez-vous prévu (parking des trois pignons) vers 10h30 par un beau dimanche matin. Ayant totalement oublié comment accéder à une zone de la forêt visitée il y a une quinzaine d’années et qui s’était avérée parfaitement adaptée aux besoins, j’avais repéré sur la carte deux zones susceptibles de nous servir de terrain de jeux. En définitive, après un peu de marche à pied, histoire de s’échauffer avant l’entraînement, nous avons finalement abouti vers 11h30 à une belle vallée , tranquille, avec un fond sableux, un terrain dégagé : le dojo idéal. Quelques esprits chagrins firent bien des allusions sur mon sens de l’orientation, mais mon attitude zen les découragea d’insister.

Installation rapide du bivouac, sous un beau chêne, puis chacun s’est empressé de revêtir sa tenue martiale, légèrement modifiée pour la circonstance (Keikogi + chaussures de sport, ray-ban, casquette ou chapeau de cow-boy). Il faut dire que le temps était au grand beau et très chaud. Les kamis étaient certainement avec nous ! Je passe sur le déroulement du travail, rien de bien particulier dans le contenu (gardes, frappes fondamentales, kata de base). Délaissant dès que possible leurs armes sous le prétexte de prendre des photos ou de filmer, deux reporters tournaient autour de chacun pour saisir une mimique , une grimace, une posture de guingois etc. L’intérêt de ce type de stage est de travailler sur un sol naturel, différent par définition d’une salle d’entraînement. Sur un tatami, pas de pierre qui dépasse , pas de tas de sable, pas de branches mortes, pas de branche d’arbre au dessus de vous pour bloquer sans prévenir votre frappe, pas de soleil en plein visage pour vous aveugler. Bref les conditions du combat en site naturel sont très différentes de celles de l’entraînement en salle. De même il est rare en salle de voir un randonneur , sac à dos, traverser la zone de combat. Il y en a qui n’ont peur de rien ! De plus certains spectateurs, situés sur un escarpement assez lointain, nous ont crié quelques encouragements, qui auraient été malvenus dans un dojo.

Vers 13h30, certaines remarques acerbes de pratiquants ne pensant qu’à leur ventre, m’ont conduit à autoriser une petite pause histoire de se restaurer, de s’abreuver et de reprendre quelques forces. Il s’en est suivi un joyeux festin campagnard.

Ayant découragé fermement toute tentative de sieste, j’ai pu faire reprendre la pratique. Etude du Bo, du Kata GEN NO RYU, un peu de Naginata, du Ryoto et Kodachi pour les anciens. Le temps devenant vraiment très chaud, nous migrâmes rapidement vers des zones d’ombres.

En fin de journée après quelques jeux d’adresse et d’esquive, destinés a éprouver les âmes bien trempées(et les kimonos bien trempés aussi), de mes combattants sylvestres, je mis au programme un peu de IAI.


Vers 16h30, tout le monde étant bien fatigué, le retour devait être envisagé. Surtout que certains craignaient de se perdre et d’errer toute la nuit. La petite troupe s’est à nouveau mise en marche, avec beaucoup moins d’allant que le matin, car elle savait désormais qu’il y en avait pour une heure , avec des montées harassantes, des descentes vertigineuses etc ;..


Afin de varier les paysages rencontrés , j’ai eu la bonne idée de prendre un raccourci , et nous nous sommes bientôt engagés sur une vielle sente, oubliée depuis des lustres et envahie de végétation. Ce coin était tellement sauvage que je suis tombé au détour d’un rocher sur un daim, qui a détallé aussitôt sans demander son reste. Et dire que nous avions failli chasser le daim au boken. Comme prévu, la vieille sente débouchait bien sur le chemin pris le matin, et nous regagnâmes les véhicules. Le soulagement se lisait déjà sur les traits de certains, qui craignaient que je ne cherche à les égarer en forêt, compte tenu de leur piètre prestation en Kobudo. Mais ma confiance dans la nature humaine et sa capacité à s’améliorer m’avait conduit à écarter de telles extrémités.

Au bilan, une bonne journée , bien remplie, des pratiquants hâlés, haletants et heureux, des kimonos bons pour deux passages en machine. Un constat : le sable argileux de Fontainebleau est très, très salissant et très, très tenace.

Au bout du compte, ça ne devait pas être si terrible car ils en ont redemandé. La suite au prochain épisode. Je connais quelques coins dans le Hoggar…..

 
Christian BRUN
Collaborateur du guide du routard martial.