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Fête annuelle de l'hôpital Broca

14 juin 2006

A l'occasion de la fête annuelle de l'hôpital Broca (service de gérontologie de Paris 13ème) intitulée "Fête des couleurs" et basée sur les cultures du monde, il a été proposé au club d'aïkibudo-kobudo du Mitsurukai voisin, de représenter le Japon en effectuant une petite illustration d'une de ses traditions les plus emblématiques : l’art du sabre. Sautant sur l'occasion de faire participer notre discipline à cette bonne oeuvre, notre bon maître Christian Brun a donc mandaté deux volontaires ayant quelques libertés à la date prévue pour effectuer une démonstration de kobudo Katori Shinto Ryu.

Rendez-vous pris, c'est par un temps pluvio-caniculaire parfaitement instable que nous nous sommes retrouvés mon camarade Viney Chin et moi-même ce mercredi 14 juin après-midi, tels deux apprentis samouraïs arborant hakama et armes diverses au beau milieu du jardin de l'hôpital Broca, parmi la foule joyeuse que constituaient les patients du lieu, leurs familles, le personnel d'encadrement et les enfants d'une école proche venus eux-aussi participer à l'évènement. Après une rapide mise au point avec l'équipe d'animation, il fut convenu d'un programme court d'une vingtaine de minutes maximum entre l'intervention torride d'une danseuse africaine survoltée et des interprétations a capella des plus grands succès de Charles Trenet. Menu choisi : essentiellement les kata omote travaillés au niveau du 1er dan que, considérant la non familiarité du public présent avec ces pratiques ainsi que le ton éclectique de la manifestation, nous nous sommes employés à rendre les plus largement attrayants possibles sans pour autant en renier l'esprit et le fondement martial.

Pour commencer, l'école de Katori fut rapidement présentée sur le ton de légende et de véhicule de valeurs spirituelles qui participèrent à son élaboration, avant d'aborder une présentation très élémentaire des armes utilisées au fur et à mesure de la démonstration et des principes éducatifs liés à leur pratique. Dans cette même optique d'accessibilité, les kata ont été exécutés de manière à en réduire le caractère parfois abscons mais sans toutefois sombrer dans le chambara, c'est à dire avec dynamisme ET précision comme nous l'ont si bien enseigné nos chers professeurs.

Délaissant d'emblée une estrade rendue glissante par la pluie intermittente et par trop exiguë pour contenir notre kime juvénile, nous avons ainsi investi le jardin lui-même pour y dérouler les 1er, 3ème et 4ème kata de ken-jutsu. Vint ensuite le travail des armes longues avec les 1er et 2ème kata de bo-jutsu suivis d'une petite improvisation bo Vs ken histoire de proposer quelques formes plus "attrayantes" (quoique toujours issues du programme omote de l'école) pour finir par les 1er et 2ème kata de naginata-jutsu. Enfin, la dernière partie réservée au iai-jutsu fut tout d'abord l'occasion d'évoquer une certaine idée de la pratique du sabre : une voie martiale de formation humaine dans laquelle on s'entraîne à conserver son arme au fourreau tout le temps qu'il n'est pas nécessaire de s'en servir, une idée principalement historique mais ayant ses applications dans notre monde contemporain. Sur ces belles paroles, munis de nos iai-to favoris et après le salut respectueux d'usage, nous avons alors poursuivi la présentation par l'enchaînement des 6 kata de iai-goshi, suscitant déjà quelques étonnements lors des prises de sabre en torii. Suivirent les 5 katas de tachi-ai qui constituèrent le point d'orgue sensationnel de la démonstration, chacun étant doublé par sa version Yoseikan afin de fournir une illustration tant de la technique sous-tendue que de la maîtrise qu'impose la pratique du sabre. Pour le côté sensationnel, il faut avouer que j'avais très involontairement omis de préciser que nos sabres miroitants et sifflants n'étaient en fait que des versions d'entraînement non tranchantes et non de ces lames affûtées qui firent la légende des guerriers japonais des temps anciens. Quoi qu'il en soit, autant pour le public retenant son souffle lors des entrecroisements de sabres et des coupes finales stoppées à 1/2 cm de la cible que pour nous mêmes, plongés dans l'esprit de notre kata, cela ne devait à ce moment là faire aucune différence.

En conclusion, je ne peux qu'exprimer notre satisfaction d'avoir pu associer notre belle discipline à cet événement aussi utile qu'agréable. Par ailleurs, malgré la difficulté de s'adresser à une assistance aussi variée et la nécessaire orientation très grand-public donnée à notre présentation, j'espère avoir réussi à y faire passer sans trahir un tant soit peu de l'esprit de la pratique tel que nos maîtres tentent de nous l'inculquer. Mais sur ce dernier point, quelques discussions que nous avons eu avec des personnes présentes une fois notre prestation achevée, me rassurent au moins sur le fait qu'une rencontre a bien eu lieu ainsi que sur la bonne perception de notre art en tant qu'école d'accomplissement humain au sens large.

Tous nos remerciements à Claire Hartweg et à l'équipe d'animation de l'hôpital Broca pour leur accueil ainsi qu'à Alix du centre Daviel pour nous avoir offert l'opportunité de participer à cette manifestation extrêmement sympathique et conviviale.
Remerciements particuliers de mes deux jeunes filles Iris et Ines, également présentes, aux personnes qui animaient le parcours de jeux et le stand de "barbes-à-papa"…

 
Stéphane Lebesgue